Le cyberharcèlement, ce nouveau mal du XXIième siècle
L’histoire de cet article est partie d’un simple tweet. Quelques mots pour questionner l’enfermement des animaux dans les zoos : « Maybe this was caused because of the chronic stress in captive animals ». Voilà ce que Jessica a répondu à un post annonçant la soudaine mort d’un lion dans un zoo américain. 140 caractères qui ont causé la colère incontrôlable d’internautes belliqueux. Une colère qui s’est vite transformée en insultes, en haine puis en cyberharcèlement. Jessica, la défenseuse de la cause animale est devenue « une stupide», « une idiote » ou encore « une sans-cerveau ».
Une violence virtuelle aux répercussions bien réelles
Agressifs, ces milliers de messages haineux, tapotés de la part d’hommes et femmes confortablement cachés derrière des pseudos, sont ainsi devenus les maux de Jessica. Des mots qui l’ont touchée mais pas tuée contrairement à Megan Meier, Amanda Todd ou encore Todd Loik. Comme eux, de nombreux jeunes ont préféré la mort à l’insoutenable douleur provoquée par le harcèlement en ligne.
L’intimidation est ainsi devenue monnaie courante sur cet Internet où tout est possible… le meilleur comme le pire. Selon une étude menée par le Pew Research Center, 41% des adultes américains ont déjà été victimes de cyberharcèlment. Ces attaques touchent également les jeunes, selon Statistiques Canada, 1 jeune sur 3 subit ce genre d’intimidation. Une pratique toxique qui augmente de 50% les chances de suicide.
Qu’est ce que le harcèlement en ligne ?
« L’intimidation est un acte conscient, volontaire, délibéré et hostile à caractère répétitif. Elle est marquée par l’inégalité du rapport de force, l’intention de blesser et la menace d’agression. » (Alberta Human Services, 2015)
La cyberintimidation utilise des communications électroniques liées à Internet. À travers les réseaux sociaux, forums ou encore mails, ces messages sont postés pour intimider, dénigrer, répandre des rumeurs, se moquer d’une personne ou encore diffuser des images ou des renseignements embarrassants sans autorisation. Loin d’être discrètes, ces attaques sont souvent publiques. En effet, 85% de ces cas d’intimidation se déroulent en présence d’autres personnes.
Parmi les cibles privilégiées par les harceleurs, toutes les personnes issues des minorités visibles. Les peuples autochtones, les groupes LGBT, les Musulmans ou encore les immigrés sont leurs proies préférées. L’entreprise de marketing médiatique Cision a ainsi documenté une multiplication par six – soit une augmentation de 600 % – de la quantité de discours intolérants et haineux dans les médias sociaux postés par les Canadiens entre novembre 2015 et novembre 2016. Les hashtags tels que #banmuslims, #siegheil, #whitegenocide et #whitepower étaient largement utilisés sur les médias sociaux suite au discours haineux de Donald Trump contre les Musulmans.
Les conséquences du cyberharcèlement
Les répercutions mentales du harcèlement ont souvent été sous-estimées. Pourtant, l’impact du harcèlement peut être tout aussi violent et profond que l’ampleur du problème est devenue gigantesque. En garantissant l’anonymat et en facilitant le partage de messages ou photos, Internet contribue largement à l’explosion de ces cas d’intimidation.
Le cyberharcèlement engendre un sentiment de détresse qui s’aggrave au fur et à mesure que le phénomène persiste. La souffrance morale conduit à plus d’introversion, à une perte de confiance en soi, à un sentiment de frustration ou de dépression. Plus dangereuse que le harcèlement classique, l’intimidation en ligne se propage de manière plus agressive. Les smartphones peuvent la rendre quotidienne, des photographies ou vidéos dénigrantes peuvent être postées à tout moment et vues par tout le monde. Enfin, contrairement à la violence ordinaire, face à l’écran, les victimes sont très souvent seules et ne peuvent pas être aidées par leurs camarades.
Comment éviter le cyberharcèlement ?
Avant de vaincre le cyberharcèlement, il est possible de l’éviter et de lutter contre :
- Protéger ses informations personnelles. Nous fournissons tous ces éléments trop facilement sur nos profils de réseaux sociaux. Ces éléments constituent des informations personnelles qui ne doivent pas toutes être divulguées.
- Gérer les paramètres de confidentialité. Les réseaux sociaux permettent de choisir qui a accès à notre profil. Pour être en sécurité, il faut paramétrer un maximum d’éléments pour qu’ils soient les plus restrictifs possibles.
- Confidentialité du mot de passe. Entre amis, nous échangeons facilement nos identifiants internet. En cas de conflit, ces anciens camarades peuvent vouloir se venger en utilisant nos comptes de réseaux sociaux.
Se sortir du cyberharcèlement
Le cyberharcèlement a plusieurs formes mais un seul objectif : détruire le potentiel humain, exterminer l’estime de soi de sa victime.
Il est donc important de mettre fin à sa culpabilité. Le cyberharcèlement peut toucher tout le monde et vous n’êtes pas fautifs. Il faut ensuite agir, c’est-à-dire rassembler les faits à l’écrit et enregistrer (vous pouvez faire des captures d’écran) ou imprimer tous les messages haineux. Ces preuves mises de côté, vous devez ensuite supprimer les contenus et signaler auprès des réseaux sociaux les propriétaires de ces comptes (en justifiant vos accusations via vos preuves). Si vous connaissez des acteurs, essayez de les contacter pour leur demander de cesser leur harcèlement sous peine de porter plainte. Si ce n’est pas le cas, portez directement plainte.
Si vous êtes parents, vous pouvez également aider votre enfant à lutter contre le cyberharcèlement grâce à des applications mobiles comme Family WebCare . Cette application permet aux jeunes de réaliser un diagnostic de leur e-réputation sur Google. Ils peuvent en quelques clics identifier les contenus négatifs qui les concernent et demander à leurs parents d’agir.
Enfin, si vous êtes témoin de contenus malveillants, choquants ou encore violents, vous pouvez les dénoncer sur la plateforme de signalement pointdecontact.net de l’Association française des prestataires de l’Internet (AFPI). L’AFPI remontera ainsi aux autorités ces contenus contraires à la loi.
Le cyberharcèlement n’est pas encore une infraction réprimée en tant que telle par la loi française mais certaine forme de harcèlement peuvent être punies par la loi :
- Une injure ou une diffamation publique peut être punie d’une amende de 12.000€ (art. 32 de la Loi du 29 juillet 1881).
- Pour le droit à l’image, la peine maximum encourue est d’un an de prison et de 45.000 € d’amende (art. 226-1, 226-2 du Code pénal).
- L’usurpation d’identité peut être punie d’un an d’emprisonnement et de 15.000€ d’amende (art. 226-4-1 du Code pénal).
- La diffusion de contenu à caractère pornographique d’un mineur est passible de 5 ans d’emprisonnement et de 75.000€ d’amende.
Et n’oubliez pas : « Les tyrans souvent se désemparent devant leur victime » (J-J Richard), alors agissons !
Voir les commentaires
Bonjour Victoria,
Je trouve votre article très intéressant ! Le cyberharcèlement est en effet devenu un fléau contre lequel nous devons agir mais surtout soutenir et protéger ceux qui en sont victimes. Je vois que vous évoquez quelques solutions pour éviter et lutter contre cette intimidation 2.0. J'aimerais ici en exposer une autre : l'application Family WebCare. En fait, cette appli permet aux jeunes de réaliser un état des lieux de leur réputation sur Internet et notamment sur les réseaux sociaux. Ils peuvent identifier les contenus indésirables (insultes, publications négatives...) qui les concernent et les signaler à leurs parents qui pourront ensuite agir. Je vous mets le lien vers le site : https://www.familywebcare.com/
Belle continuation !
Bonjour Laurette,
Votre application est très intéressante et importante pour les jeunes qui sont les plus vulnérables aux cyberharcèlement !
Je vais l'ajouter dans l'article !
Bonne journée,
Victoria
C'est une cause qui nous touche tout particulièrement.
Merci beaucoup !
Belle journée également,
Laurette
Bonjour,
C'est un mal mais un mal qui pourrait être amoindri par a baisse de consommation de l'internet de notre part.
Merci!