Startupfest de Montréal : de la tech et un style de vie
Le Startupfest de Montréal était magnifique, planté du 10 au 14 juillet au Parc de Dieppe, au beau milieu du fleuve et donnant une vue que touriste idéalise : le pont Jacques-Cartier et les navires, la Biosphère, la silhouette de la ville de Montréal, les oiseaux qui planent, le soleil qui brille et des chapiteaux, petits et grands abritant festivaliers, investisseurs et conférenciers, foods trucks, lounge musical, hamacs et poufs pour s’étendre le long des sentiers pédestres …
Car le Startupfest de Montréal est un événement déconstruit, où l’on quitte le centre de congrès, pour vivre en plein air et vêtus pour l’été. Pas moins de 6 000 entrepreneurs.res, geeks, techies, universitaires, accélérateurs et anges investisseurs s’étaient donnés rendez-vous à la pointe du site de l’Habitat 67.
Penser grand, oser, risquer
Les gouvernements, milieux de la finance, grosses entreprises et les centres universitaires ont bien compris l’importance de l’écosystème des startups et les enjeux qu’il sous-tend au Canada, comme ailleurs. Demeurer premiers, faire avancer l’industrie, la technologie ou une cause sociale, car il y avait de cela aussi.
Grand manitou du Startupfest, Philippe Telio, a fondé cet événement. Il a su dès la première édition qu’il fallait puiser au-delà du territoire montréalais : « c’est de penser grand, d’oser, de risquer. […] à chaque année ça grandit. Quand j’ai commencé il y a huit ans, l’entreprenariat était considéré comme quelque chose d’un peu sale, de peu valorisé. Maintenant, on considère que ça peut être une carrière dont on peut être fiers. Les jeunes qui sortent de l’université réalisent que c’est ça qu’ils veulent faire : innover, changer le monde, l’industrie ou autre chose ». Et ils étaient nombreux, venus recruter du personnel, créer des alliances, vendre leur idée, se trouver une job, promouvoir leur entreprise et réseauter à plus soif.
La richesse dans la diversité
Même si le Startupfest est encore dominé par la présence d’entrepreneurs masculins, l’organisation semble avoir déployé beaucoup d’efforts pour mettre en scène, parmi les 200 conférenciers invités, des speakers issus de plusieurs nationalités, jumelé à un réel souci pour la parité. D’où l’idée du Women’s in Technology Boot Camp, dédié aux femmes entrepreneures, qui ont été nombreuses à répondre à l’invitation. Parmi-elles, Valérie St-Jean et Émilie Vion de 4 Éléments, une startup hybride entre le jeu vidéo et la projection multimédia. Christine Teixeira et Meighan Nolan de Calgary (Alberta) et de Montréal (Québec) étaient ravies d’y être. « C.T. – C’est très excitant que de participer à l’un des plus importants festival du genre au pays et de rassembler en un seul endroit, autant de femmes du milieu de la technologie. M.N.- … dans un écosystème où les hommes sont surreprésentés ».
« On constate une accessibilité accrue au capital, un écosystème beaucoup plus sophistiqué, complémenté par des gens qui ont eu du succès »
Jérôme Nycz, BDC Capital
La Banque de développement du Canada (BDC), finance à hauteur de sept milliards par année les startups canadiennes. Jérôme Nycz est vice-président exécutif à la BDC Capital. « Aujourd’hui on voit une accessibilité accrue au capital, un écosystème beaucoup plus sophistiqué, complémenté par des gens qui ont eu du succès et qui veulent redonner à la communauté ». Et des succès, il y en a : pensons à Element AI, une startup canadienne « fondée il y a 18 mois et qui est aujourd’hui évaluée à plus d’un milliard de dollars », s’émerveille Johann Gen de la firme Fasken, assis sur le bateau-navette du Startupfest qui nous ramenait aux quais du Vieux-Montréal. « Le talent technique est ici » poursuit Jérôme Nycz. « Les gens veulent voir la création de champions au Canada. Les entrepreneurs et les investisseurs à qui je parle, comprennent qu’il y a la matière première pour créer des entreprises, les faire croître et en faire des succès internationaux ».
Startups, universités et investisseurs en mode séduction
Thomas Martinuzzo représente un des plus gros fonds de capital de risque non-gouvernemental au Canada, le Fonds de solidarité de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ). Il venait flairer les bons coups de l’heure. Avec quatorze milliards à investir, on a intérêt à être bien préparés quand il nous serre la main! « On a investi un milliard l’an dernier en capital de risque et de développement dans les startups, mais plus encore dans les rondes d’amorçage ». De la musique aux oreilles de Pierre Des Lierres qui échangeait avec lui quand on est venus les interrompre. Il est directeur développement des affaires chez Aligo Innovation dont la mission est « de faire maturer les technologies et brevets qui sortent des labos canadiens » en les jumelant à des entreprises qui veulent les commercialiser.
Le milieu universitaire Montréalais a bien sûr les pieds bien plantés dans le Startupfest de Montréal. Next Canada et l’Université de Montréal devraient attirer la crème de la crème, via un concours international ouvert en septembre 2018, aux meilleures startups du Canada et du monde avec, à la clé,
50 000$ et un financement possible de 150 000$.
« Le temps de s’y mettre est maintenant et le terroir montréalais est particulièrement fertile »
Stéphane Marceau, PDG de Galilei
Qui plus est, une « usine d’innovation » en réalité virtuelle XR :MTL prendra son envol dans les locaux de l’Université Concordia grâce au concours d’Ubisoft. « Le terroir montréalais est particulièrement fertile pour cette technologie. Ce sera la prochaine plateforme informatique » affirme Stéphane Marceau, PDG de Galilei qui gèrera XR :MTL. Selon Olivier Palmieri, directeur de jeu chez Ubisoft Canada, « on a la capacité d’être un peu la Silicon Valley de la XR (Extended Reality) ». L’enjeu est de taille estime le torontois Tom Emerich, cofondateur de Super Ventures à San Francisco. Pour lui, la réalité virtuelle va profondément transformer nos sociétés. « Notre manière de concevoir notre identité, de communiquer, d’interagir et travailler ensemble ne sera plus la même, d’ici peu ».
Il y avait des idées au pouce carré au Startupfest de Montréal. Ici, Mathieu Plante de B2B Quotes de Montréal, qui aide les entreprises à trouver les meilleurs fournisseurs du web, marketing et communication au pays.
Là-bas, Julie Leleu de Catspad venue installer une antenne canadienne de son entreprise française. À ses côtés (à gauche), Annabelle Ferreri de Sweet Caribbean Holidays, venue de la Martinique pitcher son offre de conciergerie digitale. Plus loin, Patrick Sauvageau de la startup québécoise Retnia, cherche à sauver la vue de millions de gens via le développement d’une technologie qui mesure les niveaux d’oxygène au fond de l’oeil.
« Je découvre le Québec à travers le prisme des startups et je vois à quel point la culture est importante. »
Alice Zagury, PDG The Family
Même les conférenciers et juges ont été ravis des rencontres que le Startupfest facilite. Alice Zagury, dirige The Family à Paris, une entreprise d’accompagnement de startups. « Je découvre le Québec à travers le prisme des startups et je vois à quel point la culture est importante. Tu sens la bienveillance, l’ouverture et l’ambition, qui sont des traits culturels propres aux québécois ».
De gauche à droite : Les conférenciers invités Patrick White, Karina Costa, Alice Zagury et Lisa Besserman
Lisa Besserman, fondatrice de Startup Buenos Aires, a fait le voyage d’Austin au Texas. Pour elle, l’écosystème des startups canadiennes est habité par « l’interaction que les différents paliers de gouvernements au Canada entretiennent avec les secteurs publics et privés qu’ils accompagnent. Aux États-Unis, il est beaucoup moins habituel de voir accélérateurs et gouvernements travailler en synergie. L’une des missions de mon entreprise est de créer des ponts entre les strartups du monde entier. Une conférence comme celle-ci, fait un boulot remarquable en ce sens ».
Trois-quarts de million en prix!
Et on vient au Startupfest pour apprendre, étoffer son réseau, mais aussi … pour l’argent! Le Startupfest a distribué lors de cette huitième édition près de 750 000$ en prix! Le plus important, le Best of the Fest, accompagné d’une bourse de 100 000$ a été attribué à la startup pharmaceutique Montréalaise Invivo.AI. Une dizaine d’autres prix ont été donnés au Cercle des Lauréats cliquez ici.
En complément et à écouter :
Philippe Telio, fondateur du Startupfest
Jérôme Nyck, v.p., BDC Capital